L’année dernière, nous abordions ici l’importance du référentiel MASE, un outil pour le moins essentiel pour les entreprises désireuses d’améliorer leurs performances en matière de sécurité, santé et environnement. Depuis 2014, ce référentiel a guidé de nombreuses organisations à travers leurs démarches de gestion des risques. Pourtant, après une décennie écoulée, les pratiques industrielles, les réglementations et les attentes sociétales ont évolué, ce qui a rendu nécessaire une actualisation de cet outil !
En 2024, le MASE s’offre enfin une révision. Une mise à jour qui lui permet de répondre mieux aux préoccupations croissantes liées à l’environnement, de mieux appréhender les facteurs humains et organisationnels, et de renforcer la prévention sur le terrain. Sans pour autant bouleverser les fondamentaux, le nouveau référentiel introduit des ajustements pensés pour offrir un cadre plus précis et des outils opérationnels plus performants. NHCS vous propose de faire le point sur tous les changements apportés par le MASE 2024 ! Que vous soyez déjà certifié ou que vous envisagiez de le devenir, comprendre ces évolutions, c’est une opportunité de plus pour structurer vos actions et anticiper les enjeux de demain.
Mise à jour
Pourquoi une mise à jour du référentiel MASE en 2024 ?
Créé en 1995, le Manuel d’Amélioration Sécurité des Entreprises, plus connu sous l’appellation MASE, est rapidement devenu un référentiel indispensable pour les organisations qui cherchent à structurer leur démarche sécurité en entreprise. Conçu pour répondre aux exigences des secteurs industriels à risques, comme la pétrochimie, ce cadre s’est depuis élargi à un spectre beaucoup plus large d’activités, en raison de sa souplesse et surtout de son efficacité. La dernière grande révision remontait à 2014, mais après une décennie, les besoins ont évolué. De fait, la mise à jour de 2024 n’est pas un changement cosmétique, mais une réponse concrète aux transformations majeures observées dans les pratiques professionnelles et les attentes sociétales. Ces dix dernières années, de nouvelles normes environnementales ont vu le jour, les entreprises se sont diversifiées dans leurs formes d’emploi avec les temps partiels, le télétravail, ou encore le micro-entrepreneuriat. Aussi, les préoccupations écologiques ont maintenant une place bien plus centrale. En intégrant ces dimensions, la version 2024 cherche à offrir un outil qui soit plus adapté aux réalités d’aujourd’hui.
Le processus de révision a été lancé en 2019. Pendant cinq ans, plus de 25 réunions ont été organisées pour croiser les perspectives des associations locales, des experts techniques et des comités spécialisés. Ces échanges approfondis ont permis de construire un cadre qui reflète les meilleures pratiques de terrain. La validation du document final par le Comité Stratégique National, le CSN, en juillet 2024, marque sans doute l’étape la plus importante dans l’évolution du référentiel. Les principaux objectifs de cette révision sont clairs, renforcer la prévention des risques sur le terrain tout en mettant l’accent sur l’analyse fine des situations dangereuses. À travers cette actualisation, le MASE continue de jouer son rôle de boussole stratégique, alignant les exigences des entreprises sur les attentes réglementaires et sociétales, sans jamais perdre de vue sa mission première, garantir des environnements de travail plus sûrs et plus responsables.
Ce qui ne change pas
Les éléments qui restent inchangés dans le référentiel MASE 2024
Le référentiel MASE 2024 conserve les fondations solides qui ont fait son succès, en maintenant ses cinq axes fondamentaux. Ces piliers restent inchangés dans leur structure et leur contenu, ce qui garantit une certaine continuité dans l’approche des entreprises déjà certifiées :
- Le premier axe met toujours l’accent sur l’engagement de la direction, avec une appropriation claire des responsabilités liées à la santé, à la sécurité et à l’environnement. Cet engagement, c’est avant tout des actions concrètes, comme la participation active aux audits ou l’implication directe dans la définition des objectifs SSE.
- Le deuxième axe met en avant l’importance des compétences et des qualifications du personnel. Il exige une formation rigoureuse et adaptée, qui permet aux collaborateurs d’assumer leurs rôles en toute sécurité. La distinction entre habilitations, formations et aptitudes médicales reste essentielle, pour garantir une gestion efficace des compétences.
- L’organisation du travail, troisième axe, reste un élément important pour limiter les risques en structurant les activités et en analysant les situations à risque. La prévention est au cœur de cet axe, avec des outils opérationnels destinés à anticiper les dangers potentiels.
- Concernant l’efficacité du système de management, abordée dans le quatrième axe, elle repose sur des évaluations régulières et une gestion proactive des incidents.
- Enfin, le cinquième axe, consacré à l’amélioration continue, assure que les entreprises tirent des leçons de leurs expériences pour perfectionner leurs pratiques et leurs résultats SSE.
Le système de cotation reste lui aussi inchangé, 5000 points pour les audits initiaux et 6000 points pour les renouvellements, avec un équilibre entre cotations binaires et variables. Cette stabilité permet aux entreprises de poursuivre leur démarche SSE avec une référence familière et éprouvée, tout en préparant leur transition vers les nouveautés du référentiel.
Nouveautés
Les nouveautés majeures dans le référentiel MASE 2024
Parmi les ajustements importants du référentiel MASE, nous avons surtout noté le renforcement des axes 3 et 4. L’axe 3, consacré à l’organisation du travail, voit sa cotation passer à 1300 points, soit une augmentation de 30% par rapport à la version précédente ! Une évolution qui met en avant de l’importance des pratiques terrain et de la prévention au cœur des activités opérationnelles. L’axe 4, centré sur l’efficacité du système de management, bénéficie également d’une pondération accrue, atteignant désormais 1100 points, +22%, avec un focus marqué sur l’analyse des impacts environnementaux.
De nouvelles pratiques font leur apparition dans cette version 2024, avec notamment l’intégration des Facteurs Organisationnels et Humains, FOH. Ces derniers valorisent les comportements individuels, les dynamiques collectives et la culture SSE, reconnaissant ainsi l’importance de l’humain dans la gestion des risques. Autre innovation notable, l’introduction formelle de la mise au travail, ou préjob briefing, qui devient un élément majeur du référentiel. Cette pratique implique une préparation méthodique avant chaque intervention, afin de garantir que tous les acteurs comprennent parfaitement les risques et les mesures de prévention à adopter.
En parallèle, le MASE 2024 met davantage l’accent sur les priorités importantes en SSE. Les questions liées à la santé et à l’environnement sont désormais équilibrées. Un changement qui s’explique par la prise de conscience des enjeux environnementaux dans les entreprises. De plus, certaines exigences jugées clés sont mises en gras dans le document pour faciliter leur identification et leur application. Enfin, des questions neutralisables font leur apparition, donnant plus de flexibilité aux entreprises. Par exemple, une question relative à un équipement spécifique peut être mise de côté si elle ne concerne pas l’activité de l’entreprise.
Impacts
Quels impacts pour les entreprises certifiées ?
La transition vers le référentiel MASE 2024 est pensée pour permettre aux entreprises de s’adapter progressivement aux nouvelles exigences. Jusqu’à décembre 2024, le nouveau référentiel est disponible à titre consultatif, sans être auditable, ce qui laisse aux organisations le temps de se préparer. Cette période est une opportunité pour évaluer les changements à venir et ajuster les pratiques déjà en place. En 2025, les entreprises auront le choix entre être auditées selon la version 2014 ou la version 2024. Toutefois, à partir du 1er janvier 2026, tous les audits devront obligatoirement suivre les exigences du référentiel 2024 !
Pour répondre à ces nouvelles exigences, les entreprises devront investir dans des outils d’analyse des risques plus précis et adapter leurs processus internes. La formation des employés jouera un rôle important, en particulier pour intégrer les principes fondamentaux liés à la prévention et aux nouveaux critères SSE. À long terme, ces efforts vont se traduire par des bénéfices qui seront bien tangibles. Les audits désormais orientés vers le terrain renforceront la prévention des risques et contribueront à réduire les accidents de travail. En parallèle, les pratiques plus rigoureuses introduites par le MASE 2024 en matière de gestion des déchets et de réduction des émissions permettront aux entreprises d’améliorer significativement leur performance environnementale.